Votre pouvoir d’achat baisse alors que les américains s’enrichissent C’est le constat que fait le rapport Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne.
Rapport Draghi : un appel à l’action pour relancer la compétitivité européenne
Mario Draghi, est ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien.
Il a présenté, ce mois-ci, un rapport sur la compétitivité de l’Union européenne à la Commission européenne. Ce rapport, attendu depuis juin, propose 20 mesures pour redresser la compétitivité de l’Europe face à la concurrence de la Chine et des États-Unis.
Les constats du rapport
Le rapport Draghi pointe les faiblesses de l’Europe en matière d’innovation, de recherche et de développement (R&D), ainsi que la fragmentation des marchés de capitaux et les différences de réglementation entre les États membres.
Si on compare la croissance des PIB entre les blocs, on fait le constat immédiat que post COVID l’Europe ne parvient pas à maintenir son écart avec les USA. Dès 2008 l’Europe perd des points de PIB et de compétitivité. On d’appauvri quand les USA créent de la richesse.
Il souligne également l’écart croissant entre l’Europe et les États-Unis en matière de financement de l’innovation, avec une épargne des ménages de 1 390 milliards d’euros en 2022 contre 840 milliards d’euros aux États-Unis.
Si vous allez en voyage aux USA actuellement la vie va vous paraitre plus chère car notre niveau de Vie européen est déclassé.
Quelques extraits marquants :
« Le désavantage concurrentiel de l’UE va probablement s’accentuer dans le domaine du cloud computing, car le marché se caractérise par des investissements massifs et continus, des économies d’échelle et de multiples services offerts par un seul fournisseur. Cependant, il existe de multiples raisons pour lesquelles l’Europe ne doit pas renoncer à développer son secteur technologique intérieur. Tout d’abord, il est important que les entreprises de l’UE gardent un pied dans les domaines où la souveraineté technologique est nécessaire, tels que la sécurité et le chiffrement (solutions de « cloud souverain »). Deuxièmement, un secteur technologique faible entravera les performances en matière d’innovation dans un large éventail de domaines adjacents, tels que la pharmacie, l’énergie, les matériaux et la défense. Troisièmement, l’IA – et en particulier l’IA générative – est une technologie en évolution dans laquelle les entreprises de l’UE ont encore la possibilité de se tailler une place de premier plan dans des segments sélectionnés »
L’EUROPE trop dépendante des veilles industries et des aides d’Etat
La différence de croissance se justifient par l’écart d’investissement dans les nouvelles technologies.
« Au cours des deux dernières décennies, les trois premières entreprises américaines en termes de dépenses de recherche et d’innovation (R&I) sont passées de l’industrie automobile et pharmaceutique dans les années 2000 aux entreprises de logiciels et de matériel informatique dans les années 2010, puis au secteur numérique dans les années 2020. En revanche, la structure industrielle de l’Europe est restée inchangée, les entreprises du secteur automobile dominant toujours les trois premiers secteurs dépensiers en matière de R&I. En d’autres termes, l’économie américaine a favorisé l’émergence de nouvelles technologies innovantes et les investissements ont suivi, réorientant les ressources vers des secteurs à fort potentiel de croissance de la productivité ; en Europe, les investissements sont restés concentrés sur des technologies matures et dans des secteurs où les taux de croissance de la productivité des entreprises pionnières ralentissent. »
Ce manque de prise en comptes de l’investissement dans les logiciels et le cloud pénalise toute l’Europe dans les nouveaux domaines de l’intelligence artificielle et de la robotique qui dépendent ce ces technologies pour les composants de base.
La part de marché de l’Europe devient très faible avec 18% du marché des technologies de l’information. Loin derrière les USA à 38%.
Dans le même temps les aides d’Etat son massives en Europe. Mais elles ne sont pas dirigées sur les industries d’avenir.
Les mesures indispensables pour redevenir compétitif
Pour combler ce déficit d’innovation, le rapport propose 10 mesures clés :
- Amélioration des conditions de l’innovation de rupture en remédiant aux faiblesses de ses programmes communs de R&D.
- Concentration du budget sur les priorités et création d’une agence de type DARPA pour encourager l’innovation.
- Renforcement de la coopération et de l’intégration des actifs industriels de défense.
- Changement radical de la gouvernance de l’Union européenne pour répondre aux nouveaux défis.
- Financement des priorités par un emprunt européen commun.
- Simplification et mutualisation des réglementations.
- Changement des traités pour permettre une action plus coordonnée.
- Définition d’une stratégie industrielle pour l’Europe.
- Encouragement de l’investissement privé dans l’innovation.
- Coordination du contrôle des investissements directs étrangers pour protéger les intérêts stratégiques de l’Europe.
Ce qu’il faut bien retenir c’est que les entreprises européennes sont leaders sur les industries du XX siècle (automobile, industrie lourde) et que la richesse actuellement se créée autour du Cloud, logiciels, robotique, intelligence artificielle. Aucune entreprise européenne n’est présente à coté des Google, Amazon, Meta, Apple. Seule la Chine est en cours de rattraper les USA.
Pour augmenter les difficultés, l’Europe applique une politique climatique sans politique industrielle : l’adoption d’un objectif de zéro émission d’ici 2035 n’a pas donné lieu à une impulsion synchronisée de conversion de la chaîne d’approvisionnement et de transition vers le numérique. Cela a renchéri le prix de l’énergie en pénalisant encore plus une industrie dépendante et pesant sur le pouvoir d’achat de la population.
Conclusion générale
Pour résumer les principales actions, le nouveau contexte met l’Europe devant un triple impératif :
- accélérer l’innovation et de trouver de nouveaux moteurs de croissance
- réduire les prix élevés de l’énergie tout en continuant à décarboner et à basculer vers une économie circulaire
- apprendre à réagir dans un monde géopolitiquement instable, dans lequel les dépendances deviennent des vulnérabilités et où la sécurité ne peut plus être externalisée.
Sources :
Le grand contient : https://legrandcontinent.eu/fr/2024/09/09/rapport-draghi-6-points-clefs-et-12-graphiques-a-retenir/
Le texte du rapport Draghi sur la compétitivité européenne
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